ActualitésSénégal

Cinq ministres du gouvernement de Macky Sall sont actuellement sous le regard scrutateur du Parlement en raison de soupçons de malversations.

Le 8 mai 2025, les députés sénégalais ont entamé l’examen d’une requête judiciaire portant sur le renvoi devant une juridiction spéciale de cinq anciens ministres accusés de malversations présumées, notamment dans la gestion d’un fonds destiné à soutenir les efforts anti-Covid. Ces procédures exceptionnelles dans cette nation d’Afrique de l’Ouest se déroulent au sein de l’Assemblée nationale, qui est sous la domination du parti du Président Bassirou Diomaye D. Faye. Élu en mars 2024, M. Faye s’est engagé à rompre avec les pratiques de ses prédécesseurs en prônant une nouvelle approche de la gouvernance. Il a clairement exprimé sa volonté de combattre la corruption endémique, un engagement qui s’est traduit par le lancement de nombreuses enquêtes contre les responsables de l’administration de l’ancien Président Macky Sall, au pouvoir entre 2012 et 2024.

Les cinq anciens ministres concernés, qui ont tous servi à plusieurs reprises sous les gouvernements de Macky Sall, sont Amadou Mansour Faye, également beau-frère de l’ancien président, Aïssatou Sophie Gladima, Moustapha Diop, Salimata Diop, et Ismaïla Madior Fall. Les quatre premiers sont visés en lien avec un fonds anti-Covid, selon le ministère de la Justice. Le cinquième, M. Fall, a affirmé à la presse avoir été l’objet d’une plainte concernant des questions de foncier alléguées alors qu’il occupait le poste de ministre de la Justice.

Gouvernement du Sénégal sous le régime de Macky Sall

L’Assemblée a débuté ses travaux jeudi matin en examinant le cas de Moustapha Diop, ancien ministre du Développement industriel. Selon un rapport parlementaire, de lourds soupçons de détournement de fonds publics pèsent sur M. Diop, notamment en raison de dépenses en liquide d’un montant de 2,5 milliards de francs CFA (environ 3,8 millions d’euros), ce qui constitue une infraction aux règles comptables. De plus, il aurait choisi ses fournisseurs de manière illégale, selon les mêmes sources.

Moustapha Diop et Salimata Diop (sans lien de parenté) ont été élus députés en novembre 2024, après le retrait du président Sall. Salimata Diop doit pour sa part justifier des dépenses dépassant 57 millions de FCFA (environ 87.000 euros), d’après des sources parlementaires. Leurs immunités ont été levées par l’Assemblée nationale le 2 mai 2025 pour permettre l’examen de leurs gestions.

Concernant les allégations de surfacturations, tout ancien ministre doit obtenir l’autorisation des députés pour être poursuivi durant l’exercice de ses fonctions, et leurs cas ont été transmis à l’Assemblée Nationale par le ministère de la Justice. Plusieurs personnalités, y compris des artistes, animateurs, stylistes, et hauts fonctionnaires, ont été interrogées au Sénégal ces derniers jours dans le cadre des enquêtes menées sur le fonds anti-Covid. L’opposition critique ces actions, les qualifiant de « chasse aux sorcières » et de « harcèlement » contre l’ancien régime.

Le président sénégalais Macky Sall, ici en février 2016 (illustration). HO / SENEGAL PRESIDENTIAL PRESS OFFICE / AFP

Le fonds anti-Covid, doté de 1.000 milliards de francs CFA (environ 1,5 milliard d’euros), financé par l’État sénégalais et ses partenaires, visait principalement à renforcer le système de santé, soutenir les ménages, et aider le secteur privé tout en préservant les emplois dans ce pays ouest-africain pauvre. Dans un rapport d’audit publié en décembre 2022, la Cour des comptes a mis en évidence des irrégularités dans la gestion de ce fonds, incluant des surfacturations s’élevant à 2,7 milliards de francs CFA (environ 4,1 millions d’euros) pour l’achat de riz destiné aux ménages défavorisés, ainsi que 42 millions de francs CFA (approximativement 64.000 euros) pour l’achat de gel hydroalcoolique. Une majorité de trois cinquièmes des 165 membres de l’Assemblée est nécessaire pour adopter chaque projet de résolution.

Après les votes de mise en accusation, les ministres doivent, si nécessaire, être auditionnés par la Commission d’instruction de la Haute Cour, qui décidera de leur renvoi ou non en procès. Cette Cour spéciale, dirigée par le président de la Cour suprême, est habilitée à juger les présidents et les membres du gouvernement pour des infractions et crimes commis durant l’exercice de leurs fonctions. Ses décisions ne peuvent être appelées.

P'Africa TV

Laisser un commentaire